En Meurthe-et-Moselle, la Préfecture a activé un dispositif d’accueil visant à une intégration la plus rapide possible, en mobilisant tous les acteurs concernés. Même si la situation appelle des mesures d’urgence, l’objectif est d’anticiper pour un accès rapide au logement et à l’emploi.
Pilotée par la Préfecture de Meurthe-et-Moselle, une coordination est née réunissant tous les acteurs concernés sur le département.
La déclinaison opérationnelle s’est traduite par l’ouverture quotidienne d’une plateforme d’accueil des Ukrainiens dans les locaux de la Préfecture. Cette plateforme a regroupé l’ensemble des prestataires en un lieu unique, permettant la délivrance d’une Autorisation Provisoire de Séjour, l’ouverture de l’ensemble des droits, l’ouverture d’un compte bancaire, une préinscription scolaire mais également proposant des prestations de premières urgences en termes d’aide alimentaire, produits d’hygiène, vestimentaire et évidement hébergement d’urgence pour les personnes n’ayant pas de possibilités d’accueil en famille.
L’AARS, via le SIAO, et en lien étroit avec les services de la DDETS y est présente afin d’orienter immédiatement les demandeurs vers des centres ouverts à cet effet et éviter le recours au 115 et la mobilisation d’hébergements pour les sans-abris.
Par ailleurs, il est confié à l’AARS la gestion de trois de ces centres. Les autres étant gérés par les associations Arélia et Alisés. En parallèle s’organise, en lien avec les bailleurs publics, un recensement de l’ensemble de l’offre de logements disponibles en vue d’une mobilisation rapide par les associations via des contrats d’intermédiation locative. Là encore, l’AARS est engagée dans la démarche avec l’accompagnement de 134 personnes sur l’année 2022. En complément, des prestations d’accompagnement d’apprentissage de la langue et d’aide à l’emploi sont dispensés.
Cette mobilisation exceptionnelle des institutions, des associations, des collectivités locales mais également des citoyens a permis l’accueil de plus de 1600 personnes en Meurthe-et-Moselle.
Dans son rapport de février 2023 consacré à « l’accueil et à la prise en charge par l’Etat des réfugiés d’Ukraine en 2022 », la cour des comptes souligne l’exceptionnelle mobilisation de tous (pouvoirs publics, associations) et l’efficacité du traitement des situations, de l’activation de la mesure de protection temporaire jusqu’aux mesures d’intégration déployées et ce, sans impact sur le dispositif d’hébergement existant. Elle met également en avant la mobilisation citoyenne d’ampleur.
Néanmoins, des voix se sont élevées pour alerter sur les différences de traitements entre « déplacés » ukrainiens et demandeurs d’asile, des associations mais parfois aussi des personnes en demande d’asile. Sont mises en avant, la disparité des moyens mobilisés, la rapidité des démarches d’accès au séjour, aux droits et également au logement se traduisant par des priorités d’accès dans le cadre d’une offre déjà réduite pour certains publics.
Sur ce point, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) souhaite « qu’un travail de réflexion puisse être poursuivi afin que les apprentissages tirés de cette crise soient utilisés pour proposer de meilleures conditions d’accueil à l’ensemble des personnes venant demander l’asile en France, et pour construire des relations de travail plus fécondes et constructives entre les pouvoirs publics, les collectivités territoriales, les associations et les mobilisations citoyennes dans leur ensemble. Si cette crise a été l’occasion de démontrer qu’un accueil de qualité est possible, elle a aussi souligné de manière très visible les différences de traitement entre personnes exilées selon leur nationalité qui doivent nous inciter à améliorer les politiques d’accueil et d’organisation de la migration, au-delà des différences de statuts juridiques ».
C’est peut-être tout l’enjeu des programmes AGIR (Accompagnement Global et Individualisé des Réfugiés) en cours de déploiement sur le territoire national et au second trimestre 2023 en Meurthe et Moselle de dispenser un accompagnement global et renforcé des publics Bénéficiaires de la Protection Internationale en s’appuyant sur une coordination large de l’ensemble des acteurs concernés (en premier lieu logement et emploi) et au plus près de l’offre et des besoins des territoires.
RÉMI BERNARD, DIRECTEUR GÉNÉRAL